Après maintenant plus de sept années passées à nous spécialiser dans l’étude technique, la restauration fonctionnelle et la pérennisation, des œuvres et installations fonctionnelles de l’art contemporain, déjà près de 150 œuvres ont été étudiées et documentées. Cette première phase d’étude et documentation est fondamentale car elle permet d’établir un constat d’état fonctionnel assorti d’un diagnostic précis, qui sert de base à l’élaboration de propositions d’intervention, dont la principale vocation est de maintenir et pérenniser l’œuvre telle qu’elle a été initialement produite, ou à défaut telle qu’elle nous est parvenue.

 

L'apport des sciences de l'ingénieur sur cette typologie d’œuvre est évident, et fait face à des problématiques extrêmement variées, chaque œuvre ayant son fonctionnement propre. Il tient selon les œuvres à la production de mouvement, de son, de lumière, ou d’images, mais aussi parfois de chaleur, de givre, de vapeur,…. le tout déroulé selon une chronologie propre à l’œuvre, gérée par un dispositif également spécifique. Les composants utilisés sont contemporains de l’époque à laquelle chaque œuvre a été créée, et confrontent notre intervention à l’histoire récente des sciences et des techniques et à ses évolutions parfois brutales.

 

La complexité induite par la préservation du fonctionnement des œuvres, s’ajoute à celle liée à la préservation de leur matérialité, et impose la constitution d’une équipe pluridisciplinaire. La complémentarité des formations de Conservateur-Restaurateur et d’Ingénieur s’illustre clairement et c’est en ce sens que Diana Da Silva et DEARTISSIGN sont intervenus conjointement lors de l’ICOM Métal France de Février 2019.

 

La prise en compte au même niveau, du fonctionnement et de la matérialité, semble incontournable sur ces œuvres particulières. Une intervention lors d’un stage de formation continue des Conservateurs organisé en novembre 2019 par l’INP et le CICRP, puis plus récemment en 2021, ont permis de sensibiliser sur le lien entre les composants techniques intégrés dans les œuvres, et l’électricité permettant leur fonctionnement, le tout dans un contexte d’obsolescence technologique de certaines familles de composants.

 

Enfin, l’attribution par le CNAP d’une bourse de recherche dans le cadre du « Soutien à la recherche en restauration et en conservation d’œuvres d’art contemporain », a permis de traiter le sujet délicat de la pérennisation fonctionnelle des œuvres utilisant des sources à incandescence, alors qu’elles sont aujourd’hui frappées d’obsolescence sur fond de bannissement réglementaire.

 

Merci donc a tous ceux qui m’ont fait confiance et m’ont permis de développer avec eux, cette nouvelle approche au bénéfice de la pérennisation des œuvres fonctionnelles.